lundi 30 août 2010

Départ de Prince Rupert

Damien a reçu les deux colis de nourriture déshydratée le 23 août à Prince Rupert et repartait rapidement pour compléter son périple. Il a choisi la voie maritime sur le Queen Charlotte Sound a dépassé Klemtu, petit village aux maisons décorées de dessins rouge, blanc et noir. Il campe en face de l'Île Swindle.

jeudi 19 août 2010

Petites nouvelles de Damien

Après Ketchikan, plusieurs jours de beau temps me poussent vers la frontière. Les traversées de baies et de détroits sont longues et monotones, à part la fois où, en milieu de traversée, je m'aperçois que l'eau filtrée le matin est saumâtre....grande soif, gros mal de tête, la fin de la journée se passe, à l'ombre, à boire l'eau d'un marécage, qui même une fois filtrée, conserve une teinte à mi-chemin entre le thé et le café. Le 15 à midi, je mange sur la frontière entre les USA et le Canada et une demi-heure après, les gardes-côtes viennent me voir, me demandent d'où je viens, où je vais, puis me souhaitent bon voyage. Ce soir-là, je décide de me poser sur Dundas Island et en voulant débarquer je me prends les pieds dans ma jupette et m'étale de tout mon long dans un mètre d'eau, il n'y a plus que la casquette qui dépasse... bienvenue au Canada !!! Le lendemain, la traversée pour la baie de Prince Rupert promet d'être rude. Il me faut viser une entrée de 200 mètres de large à 15 km de l'autre coté, dans le brouillard, avec un bon vent de coté et de belles vagues... autant dire que l'issue de la traversée ne me laisse aucun doute : je vais sûrement me retrouver à 10 km de là où je veux aller... C'est donc très surpris, que deux heures et demi après le début de la traversée, je débouche juste en face du passage. Il ne me reste plus qu'à tranquillement rejoindre Prince Rupert où les douaniers très sympatiques me font quant même remarquer qu'ils seraient en droit de me confisquer le kayak et tout le matériel pour ne pas m'être signalé de mon entrée au Canada: les gardes-côtes ne communiquent pas avec les douanes... 
Me voilà donc en ville pour une semaine puisque, comme à mon habitude, je n'ai pas fait ma demande de ravitaillement à temps...ce sera donc repos et petites réparations.


15 août

15 août

16 août

17 août

18 août

jeudi 12 août 2010

Yan&Amélie: Juneau-Admiralty Island-Juneau

Le 14 juillet dernier, nous avons quitté Cordova pour Juneau en ferry, non sans avoir essayé de convaincre Damien de nous suivre. Voulant vraiment traverser cette section d'océan en kayak seul, nous lui avons laissé la pagaie de secours et un tas de petites babioles bien utiles pour sa survie ainsi que la balise spot qui suit, depuis cette date, uniquement ses déplacements.
Nous sommes arrivés à Juneau après deux jours de bateaux qui nous ont permis de nous reposer mais aussi de rêver à la suite du projet: l'Inside Passage, cette étendue d'eau protégée, pleine de montagnes enneigées!
Mettre le kayak sur l'eau à Juneau fut toute une aventure car nous sommes à pied et nous avons dorénavant 15 sacs plus le gros kayak double à transporter à mains nues..les campings ne sont pas non plus accessibles par la mer. Nous avons donc squatter les décombres de la mines d'or de Douglas Island le temps de faire toutes nos commissions à Juneau et de partir en paix pour la prochaine section: direction Petersburg.
Evidement, il est à noter qu'il n'a pas plu une minute le temps quand nous étions sur le ferry et le temps que je magasinais à Juneau, mais à la minute que nous avons mis le kayak sur l'eau, vent et pluie ce sont mis de la partie!! Donc le 19 et le 20 nous avons suivi Admiralty Island. Le 21 nous avons dû nous y arrêter de force parce que le vent du sud nous bloquait une traversée possible du Stephen Passage. Le 22 la tempête s'est levée et Yan s'est fait deux entorses lombaires dans la même journée...Pour ceux à qui ce genre de douleurs n'est jamais arrivée: une entorse lombaire empêche littéralement de bouger jusqu'à la guérison. Impossible de se pencher, de lever des poids, de se tourner....c'est l'enfer en camping et c'est impossible de faire du kayak!! Donc nous sommes restés au même endroit à attendre la guérison du dos de Yan, sur Admiralty Island.
Admiralty Island est un monument national, remplie d'une nature dense et féconde, intense et sauvage. La forêt est belle mais on n'a pas envie de s'y promener car on sent qu'elle ne nous appartient pas. Ça donne la frousse un peu, surtout quand on voit le format des crottes d'ours partout dans les millions de sentiers tracés par les animaux!! Les chûtes abondent et l'eau potable aussi, la plage est ouverte et donne une vue imprenable sur le Taku Canal qui nous laisse voir montagnes et glaciers de plus de 3000 mètres au loin. La vue est magnifique. Il fait aussi très beau tout à coup. Gros soleil, mer d'huile: les conditions idéales pour se retrouver sur l'eau...on s'est contenté de la regarder... Le 25, à la pleine lune, la pêche au saumon a rassemblé une quarantaine de bateaux de pêcheurs toute la nuit, illuminant le passage de millions de petites lumières jaunes, dans cette nuit bleu. C'était magnifique! C'est aussi ce soir-là que nous avons eu notre premier voisin: une baleine à bosse que nous avons surnommé Grognon. Elle est restée avec nous durant 7 jours, ou plutôt, sept nuits car elle disparaissait le jour et elle revenait la nuit. Nous ne l'avons jamais vu mais nous l'avons vraiment beaucoup entendue. Ses ronflement, ses grognements, ses bruits de bulles et surtout ses chants. Le chant des baleines à bosse est réputé mais aussi incroyablement vibrant. C'est durant ces 7 jours qu'on a vu le plus grand nombre de baleines à bosse de nos vies...facilement une centaine de baleines sont passées, sautées de tout leur corps hors de l'eau, tapées de la queue et des nageoires, fait chanter Grognon qui a discuté avec chacune d'elles. Le saut des baleines est fabuleux, c'est un spectacle grandiose, émouvant, le son fait trembler le terre comme la marche d'un géant. C'est fort. Une deuxième baleine s'est aussi jointe à Grognon et dans les 3 derniers jours à ce campement, nous avions une vraie compagnie. Les grognements nous ont fait sursauter jusqu'à la fin et on sortait avec nos poivres de cayenne, pensant que c'était des ours à chaque fois..très drôle!!! Le campement a aussi été pris d'assaut par des cerfs...Une mère et ses deux bambies mais aussi et surtout deux adolescents qui broutaient tranquilles à quelques mètres de nous tous les matin!! Les aigles et les corbeaux comme d'habitude étaient bien présents et les orques disparus depuis que les baleines à bosse sont apparus...
je continue....bientôt


suite...
Nous avons donc attendu dans une sorte de calme mais aussi pour ma part d'une envie folle de pagayer à nouveau , de me retrouver sur l'eau et d'être enfin libre de l'emprise d'Admiralty Island!! Le poêle portatif MSR a commencé à faire des siennes, à ne plus fonctionner ou seulement quand il le voulait bien..ce qui a rajouté une certaine tension à notre isolement, et même si on a assez de bouffe pour attendre encore 20 jours en solitaire, si nous n'avons plus de poêle toute cette nourriture ne sert à rien!!! On nettoie le poêle, on se croise les doigts...on pense à aller à Taku trouver un tournevis...Yan m'a appris à pêcher et j'ai attrapé un saumon, un humpy comme on appelle ici, très satisfaite de ma prise mais pas encore à l'aise avec la suite, c'est Yan qui s'est occupé de faire les filets, très bon mon premier saumon!! Le lendemain, ce qui devait arriver est arrivé, un grizzli est venu nous visiter. Nous revenions, d'une marche tranquille et nous avons vu cet énorme bête se diriger vers notre campement. Quand je dis énorme je parle de gros comme un Van Volkswagen, gigantesque...la démarche assurée, visiblement en train de se rendre à nos sacs...sa vue fut pour nous une surprise mais pour lui aussi, on s'est lancé sur nos bonbonnes de poivre de cayenne et lui il s'est lancé dans la forêt. Le coeur battant la chamade, il nous était  impossible de rester sur l'île avec un voisin aussi redoutable.. quoique magnifique!!! Nous avons paqueté et sommes parties vers 15h. La pluie s'est abattue sur nous à mi-chemin mais enfin nous étions sur l'eau!!! Nous avons dépassé Taku, le courant dans le dos. La vie est belle et nous nous sommes arrêtés dans une petite baie magnifique pour la nuit. Un gros feu et dodo. Le lendemain, Yan ne se sentait pas encore mieux donc nous sommes restés dans notre baie. Durant la nuit cependant, un autre ours est venu sniffer la tente, et ensuite s'est dirigé vers le kayak et les sacs...on se lève en vitesse, il est 3h am on fait un feu.
Le poêle fonctionne de moins en moins, on part donc le jour même vers Taku, retour sur nos pas. On trouve là un port sans village, qu'un deck et des bateaux accostés. Taku est une ancienne cannery (conserverie) des années 30 qui est abandonnée... Nous rencontrons Jay et Jo-Lee du Wisconsin, qui nous aident à débarquer et fournissent le tournevis pour réparer le poêle MSR. D'autres  personnes nous aident en nous fournissant le riz et les pâtes que nous n'avons plus pour nous permettre de poursuivre la route vers Petersburg..On reçoit mille conseils et apprenons qu'effectivement les grizzlis ne sont plus dans les terres mais reviennent près de l'océan, suivant les carcasses des saumons!!! La période des ours viens donc de commencer. Le vent soufflera sud ouest pour quelques jours...on prend un café dans le bateau de Jay et Jo-Lee, et c'est tellement agréable cette fraternité sur l'eau!!! On reste à Taku 2 jours, le temps de prendre une décision pour la suite du voyage. Le plan change à chaque minute, nous devons prendre en considération tant de choses et c'est dans l'optique de donner encore du temps au corps de Yan de guérir que nous retournons à Juneau d'où j'écris aujourd'hui, quelques 150 et des poussières kilomètres dans les dernières semaines, mais du temps malgré tout savouré et unique...à bientôt pour la suite,....P.S. les photos viendront bientôt...Amélie

Damien: Juneau- Ketchikan











ok. J'ai un peu de temps devant moi donc je vais résumer depuis la séparation.
Après un moment d'hésitation dû aux mauvais commentaires concernant la zone, ma décision est prise et l'envie d'aligner les km en direction de Juneau me démange la pagaie, envie vite réfrénée par la "beaver fever" qui me met rapidement k.o. La dure décision de couper une portion du trajet en ferry arrive les jours suivants en même temps qu'une question: que faire pendant les 15 jours qui précèdent le prochain départ de ferry ?
Après avoir un moment espéré trouver la force de rejoindre Whittier en kayak, Tony, un vieux pêcheur de saumon m'apporte la solution en m'embauchant comme "crew member" sur son petit bateau. C'est donc deux semaines passées de sessions de pêche en réparation de bateau entrecoupés de repas au "Baja Taco Bus" où Tony essaye de me caser auprès des serveuses. Certains après-midi étaient consacrés à mon apprentissage de golf dans un bras asséché de la rivière, ce petit boulot m'a permis de payer le médecin ainsi que le ferry sans entamer mes réserves, merci Tony...
S'ensuit deux jours de ferry où la gentillesse de marins, cyclistes, motards, me permet d'embarquer et de débarquer mon kayak et mes 8 sacs sans trop de problèmes. Arrivé à Juneau, je me sens prêt à faire des miracles malgré quelques restes de maladie. Mais deux jours après,force est de constater qu'il y a encore beaucoup de faiblesse après ces semaines de repos...un matin après avoir dormi 12 h je me sens tellement faible qu'il faut me recoucher pour 6 h de plus!!! ce jour-là, l'envie d'abandonner est très forte mais les trois jours suivants ensoleillés, sans un souffle de vent, avec de magnifiques couchers de soleil et des baleines qui sautent toute la journée me remettent de bonne humeur.
En arrivant vers Petersburg, les rencontres avec les bateaux se font plus fréquentes, je me retrouve régulièrement avec des canettes de soda, plaquettes de chocolat et autres sucreries pour améliorer mon quotidien. Un jour qu'un bateau de pêche me dépasse, un jeune pêcheur me fait de grands signes avant de jeter quelque chose dans l'eau, croyant que c'est une "seal bomb" destinée à me faire peur, j'attends quelques secondes pour m'approcher et m'aperçoit que c'est une canette de bière... je suis trop méfiant. Pour ne pas la gaspiller, je la bois le soir même, à jeun, fatigué, 33 cl et je suis à moitié bourré... c'est du propre...Le lendemain, un autre gos bateau de pêche se déroute pour venir à ma hauteur et c'est avec surprise que je vois apparaître le visage d'une jeune femme blonde avec de grands yeux bleux qui, en plus d'un beau sourire, m'offre des cookies faits maison... j'en oublierais presque la pluie et le vent qui sont de nouveau de la partie. Toute la matinée, le courant était dans le sens du vent, la mer calme. Au changement de marée,  l'eau se met brusquement à frissonner, parcouru par des tremblements, en quelques minutes les vagues enflent d'abord en ordre régulier puis soudain, à l'approche d'un cap, de grosses vagues pyramidales surgissent de tous côtés. Enflés par le vent et les courants, elles se précipitent  sur le kayak , passent par dessus et viennent frapper les sacs. On se croirait dans une grosse bassine secouée par quelqu'un. Le vent m'envoie les embruns dans le visage et le kayak se cabre comme un cheval de rodéo. Après une heure de cet épuisant exercice, une baie abritée me tend les bras...
Le lendemain matin, plus un souffle de vent mais un brouillard à couper au couteau, la visibilité est de 50 mètres au plus. Aidé de ma petite boussole, je progresse à tâton, l'eau est parfaitement lisse et de la même couleur que le brouillard. Dans la matinée je sors de la nappe et je ne sais plus du tout où je suis... après quelques minutes à regarder ma carte et les îles qui m'entourent, le doute n'est plus permis je suis toujours en Alaska!!!






Me voilà à Ketchikan après 13 jours de mer, ville bruyante et pas de camping, je ne vais pas m'éterniser....à suivre....j'ai pris quelques photos pour vous mettre en contexte.













   

mercredi 4 août 2010

Photos de Admiralty Island


Photos trouvés sur Internet en lançant la recherche Admiralty Island















mardi 3 août 2010

Juneau

Je prends le relais, faute de communications des 3 aventuriers.Justine.


Les derniers jours entre Seaward et Cordova ont été éprouvants à tel point que des décisions majeures ont été prises par Yan, Amélie et Damien. Je n'ai pas eu de détails ni d'un côté ni de l'autre. Il semblerait que les marins et pêcheurs du coin ont découragé les trois kayakistes de suivre la côte jusqu'à Juneau faute de plage pour accoster et planter la tente.
 Tout ce que je sais  c'est que Yan et Amélie ont pris le ferry qui relie Cordova à Juneau dès le lendemain 14 juillet et que Damien est resté à Cordova en espérant trouver un plan pour continuer.
Amélie  a écrit un mot pour nous confirmer son arrivée à Juneau le 19 juillet et leur départ le lendemain pour une destination qui n'a pas été précisée. La balise nous permet de suivre Damien, seul maintenant pour se rendre à Prince Rupert. Voici le courriel de Damien daté du 16 juillet:



Depuis le 13 juillet nous formons donc deux groupes, Yan et Amélie ont pris le ferry en direction de Juneau et moi je suis resté à Cordova pour continuer l'itinéraire prévu. mais depuis le 13 je suis aussi malade, sûrement de l'eau non potable... d'où l'immobilité de la balise.
 En parlant à différents marins j'ai réalisé que la peur que m'inspirait la côte entre Cordova et le Cap Spencer était justifiée: une mer dure avec très peu de place pour camper donc des journées longues et fatigantes. N'étant pas encore remis en forme (le système de santé américain n'est pas à la portée de ma bourse) et l`échéance de mon visa US se rapprochant, j'avais une décision à prendre, embarquer dans la section difficile en espérant que ma force ainsi que mon gros appétit reviennent... ou prendre le ferry pour une zone plus calme..... Juneau, et progresser en fonction de mes forces. Le prochain ferry pour Juneau étant le 28 juillet j'ai pris la décision de faire un compromis en essayant de rejoindre tranquillement Wittier, le port d'embarquement situé de l'autre coté de Prince William Sound en kayak puis d'embarquer sur le ferry pour Juneau... une décision qui me déçoit beaucoup. C'est une grosse désillusion que de savoir qu'un si petit problème ajouté l'appréhension que m'inspire une zone difficile suffisent à me faire renoncer.... 
Pendant les quelques jours passés à Cordova, les américains ont comme toujours été très accueillants, notamment Tony, un vieux pêcheur de saumons qui a passé plusieurs jours à m'aider à réparer le kayak et à m'expliquer comment interpréter la météo marine, les différentes faces que peut montrer la mer pour pouvoir éviter les pièges, très enrichissant...
Et puis le message suivant tout récent:
Désolé pour le manque de nouvelles, les derniers temps ont été rudes, je pars en ferry pour Juneau demain et j'espère rejoindre Prince Rupert en 2 ou trois semaines, je ne sais pas où sont Yan et Amélie et comment ils organisent leur ravitaillement, j'essaierai d'aller sur internet dans les semaines à venir, ma session se termine... à bientôt.Damien
Donc Damien a suivi son plan et a traversé Prince William Sound pour rejoindre Wittier et il est arrivé à  Juneau le 30 juillet. Il a déjà entrepris sa progression en direction de Prince Rupert dans des zones protégées sûrement plus agréables pour le kayak. Je tenterai de joindre des photos à la prochaine mise à jour en espérant que ce soit celles de Damien, d'Amélie et de Yan. Si quelqu'un a des nouvelles pour compléter le blogue, n'hésitez pas à communiquer avec moi par le biais de vos commentaires.